Meditation
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Méditer, c’est quoi ?

Cette tentative de réponse se base sur mon expérience subjective de la méditation. Elle ne vise aucunement une vérité.

 

Je médite depuis plusieurs années (17 ans) avec ou sans mantra, en chantant ou pas, avec ou sans mudra. Mon enseignant avait l’habitude dire que la prière est l’action de s’adresser à « l’univers » et que dans la méditation c’est univers qui « nous parle ». Mettons-nous d’accord sur ce que recouvre, pour moi, le terme « univers ». La source de tout, de toutes créations, aussi bien sur Terre que dans l’espace. L’univers est cette énergie créatrice.

 

Lorsque je méditais avec mon enseignant, il m’était facile de ressentir cette énergie. Une sensation d’électricité dans les doigts, les mains, un poids au niveau des lobes frontaux qui pousse les yeux à se révulser, la sensation tangible de l’énergie tout autour de moi puis ce tourbillon passant par le haut du crane obligeant le corps à tourner, sensiblement, autour d’un axe. Lorsque je revenais à moi, je prenais conscience que j’étais partie. Partie où ? Et qui part ?

 

J’ai dû apprendre à méditer seule, dans le soutien subtil de mon enseignant. Méditer était alors une autre paire de manche…

Je n’ai jamais réussi à arrêter de penser, je crois même que cela n’est pas possible. Le mental est puissant, il fonctionne sans qu’on ait à lui demander, 24h/24h. Plus on lui demande de se taire, plus il parle. Plus on cherche à ne pas l’écouter, plus il hausse le ton et nous répète ses petites phrases assassines « tu n’y arriveras pas, ce n’est pas possible, t’es bête… ».

Il juge, discrimine, range, ordonne afin de maitriser son petit monde.

 

Je n’ai jamais réussi à le faire taire et pourtant je médite, j’en fais l’expérience tous les jours. C’est à partir de mon expérience que je vais tenter de décrire ce processus.

 

Imaginez que vous êtes dans une salle remplie de choses mouvantes, de personnes, de sons, d’images, de sensations, d’émotions, sentiments ect. Et là, accroché en plein milieu du mur, un poste de radio qui hurle la plupart du temps des insanités.

Impossible de l’éteindre ! Et plus vous cherchez l’interrupteur, plus le son augmente.

Le reflexe, ce qu’on nous apprend plutôt, c’est d’aller chercher une chaise et de s’assoir à côté de ce poste, d’écouter, d’écouter, d’écouter et finir par croire tout ce que dit la voix. Elle nous abreuve de jugements, critiques, croyances qui nous enferment, nous blessent. Pourtant on reste, subjugué.e par cette voix, comme si il n’y avait qu’elle dans la pièce.

 

Alors c’est quoi méditer ? Méditer c’est commencé par détourner les yeux de ce poste pour constater qu’il y a autre chose dans la pièce. Au début, on parvient à détourner les yeux quelques secondes parce que le poste nous rappelle à l’ordre « qu’est que tu fais, tu médites, tu te prends pour Yoda ? » et c’est reparti.

La fois d’après, on parvient à détourner 2 fois les yeux, puis 3 puis 4. On constate qu’il y a d’autres voies.x et on tente de les observer, sans les juger puisque celui qui juge est le mental/poste. Si vous vous observez entrain d’émettre un jugement sur une de ces choses, c’est que, sans vous en rendre compte, votre regard est revenu sur le poste.

 

Cela demande discipline, engagement et perseverance. Le mental est fort mais « ce je ne sais quoi » l’est encore plus.

 

Puis un jour, on réussit à se lever de la chaise et à faire un pas vers une de ces choses. Alors on tombe dans le second piège et on remplace le poste/mental par cette nouvelle chose qui peut être une sensation agréable ou désagréable. La douleur ou la sensation de plaisir envahit l’espace, on ne voit qu’elle et le mental arrive au galop pour la classer afin de la maitriser.

 

On continue, sans rien attendre, on tente d’être le témoin impartial de ce qui se passe dans cette salle. On reste patient, on tente d’accepter les choses pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’on voudrait qu’elles soient.

 

Puis un jour, on arrive non pas à faire un pas vers quelque chose en particulier mais vers le centre de la pièce. Alors notre champ de vision s’agrandit et se peuple de choses auxquelles nous n’avions jamais porté attention avant. Le poste/mental est toujours là à déblatérer ses inepties mais le son nous atteint moins.

 

Puis on recule encore, et encore, et encore, on arrive au centre de la pièce. Le poste/mental est loin, très loin parce qu’une fois au centre on réalise que cette pièce est immense. Elle est habitée par des milliers de sensations, de la plus grossière à la plus subtile. On parvient à ne pas se focaliser sur une de ces choses en particulier, en tous cas pendant quelques minutes. Et pendant ces quelques minutes, les murs s’estompent. Ils sont toujours là mais moins solides.

La limite entre intérieur et extérieur est beaucoup moins tangible.

 

L’expérience est intense. Les liens entre intérieur et extérieur deviennent plus accessibles. On devient conscient des causes/conséquences.

La conscience est ce « je ne sais quoi » qui peut se mettre au centre de la pièce et ressentir tout et rien en particulier. La conscience a surtout ce pouvoir d’observer le poste/mental, de comprendre comment les « formes pensées » qui en sortent créent notre réalité, l’extérieur (enfin ce que l’on croit extérieur).

 

La conscience observe et libère de ces fausses vérités en cessant de leur donner du crédit. En les traitant pour ce qu’elles sont, des formes pensées qui n’ont pas plus de poids que le reste. Elles sont, un point c’est tout!

Prendre conscience permet de modifier sa réalité. Nous n’avions jamais envisagé possible telle option parce que le poste/mental a toujours dit que cela nous était impossible. Prendre conscience que cette voix n’est qu’une réalité parmi des centaines d’autres.

Apprendre à ne pas répondre à la question avant de l’avoir posée. De quoi ai-je vraiment envie? Qu’est ce que je désire, moi et pas le poste/mental? Accéder à son propre désir et se servir de son mental pour l’assouvir.

La méditation est un art infiniment puissant et simple.